Le Pays d'Arles, par Isidore Gilles ; Marseille, Flammarion, s.d. (1891), Tome II.
 
 
 
 
p. 342-343
La gorge au fond de laquelle la Ville était bâtie s'ouvrait sur le revers Nord des Alpines, à 600 mètres au Sud du pont des antiquités ; elle recevait ainsi les bouffées du mistral, qui dans ces conditions est d'une violence extrême ; tandis que les habitations ou plutôt les cahutes entassées dans le torrent étaient sujettes aux eaux torrentielles de la vallée, et ne recevaient que peu ou point de soleil, suivant la saison.
Cette situation manquant absolument d'eau, les habitants de Glanum s'en procuraient dans la vallée voisine de Saint-Clergue, qui de nos jours encore alimente le magnifique établissement de St-Paul, au moyen d'un aqueduc construit dans le moyen-âge. Et comme ces eaux étaient insuffisantes ou sujettes à tarir, ils creusèrent avec le concours des indigènes les puits dont nous avons parlé, qu'on retrouve jusqu'au fond des carrières.
M. le marquis de Lagoy avait cru voir un aqueduc destiné à amener les eaux du vallon de Gros à Glanum, dans un commencement d'entaille double faite de chaque côté du rocher, à l'entrée de la gorge des Chaudrons, pour recevoir un barrage en maçonnerie, destiné à emmagasiner et à surélever les eaux, et dans le tracé d'un canal aussi ébauché dans le roc sur toute la longueur de cette gorge.
M. de Gasparin, dans son Cours complet d'agriculture, parle de ce barrage et du canal comme ayant réellement existé, et d'autres écrivains, convaincus par l'autorité de ces grands noms, sont allés jusqu'à citer le barrage de St-Remy comme un type à imiter pour se procurer des eaux d'arrosage. Il en est même qui ont proposé sérieusement ce moyen pour fournir des eaux à la ville de Marseille. Nous avions cru, dans Marius et Jules César, que ce barrage, inférieur au niveau de Glanum, avait été fait pour alimenter la partie supérieure du camp de Marius, et était à peine ébauché lorsque l'armée romaine quitta ce camp. Nous nous trompions ainsi que nous l'avons reconnu.