L'eau à Glanum,
par Philippe LEVEAU
p.65-66
Un aqueduc pour ravitailler la ville
Les aménagements sont difficilement expliquables si l'on n'admet pas l'existence d'un aqueduc ravitaillant la ville. Il est possible que très tôt on soit allé chercher des sources situées plus haut dans les vallons qui convergent vers la ville : dans le vallon de Saint-Clerg, on voit les restes d'une cana-lisation couverte de dalles qui alimentait Saint-Paul-de-Mausole ; elle a pu reprendre un ouvrage très ancien. D'autres aména-gements existèrent sans nul doute : la cons-truction du réseau routier actuel (D5 venant de Maussane) a entraîné des destructions qui

 

empêchent de vérifier l'existence du captage dont fait état F. Benoit dans le vallon de N.-D. de Laval. Une précieuse recherche dans les archives permit à F. Benoit de faire connaître le remarquable ouvrage qui, à l'ouest, par un barrage et un canal, collectait vers la ville antique les eaux de l'actuel " gaudre " (ruisseau) de Rougadou (ancien-nement vallon de la Beaume). Le problème topographique était le suivant : pour faire parvenir l'eau à Glanum à un niveau suffisant, il fallait élever la prise d'eau en construisant un barrage. De tels systèmes sont connus dans le monde antique mais celui de Saint-Rémy est particulièrement inté-ressant. Un barrage solidement ancré dans un rétrécissement du vallon de la Beaume permit d'élever la prise d'eau de 6 m. Un conduit – que F. Benoit suppose avoir été en plomb mais qui pouvait aussi être en terre – fut ensuite placé sur une étroite plate-forme taillée dans les dalles calcaires en rive droite de la gorge à son débouché aval. Aujour-d'hui, la partie amont de la gorge se trouve sous les eaux du lac du barrage de Peiroou construit en 1891 pour Saint-Rémy. Le plan d'eau actuellement visible est à une altitude de 130 m ; il est retenu par un barrage haut de 19 m construit un peu en amont de la prise d'eau antique toujours visible dans l'état où elle a été décrite par F. Benoit. L'aqueduc devait arriver sur Glanum par un pont aboutissant à un réservoir situé un peu au sud des thermes : F. Benoit reconnaît un tel dispositif dans une description donnée par un antiquaire arlésien en 1784. En fait il ne pouvait irriguer que la partie inférieure de la ville et il n'est pas absolument certain qu'il ait pu atteindre la fontaine qui se trouve au-dessus du forum : le dallage de celle-ci est à l'altitude 116,40 NGF.