L’eau dans les Alpilles et à Saint-Remy.
 
 
 
Depuis les temps les plus reculés, les habitants des Alpilles et surtout ceux du versant nord, ont eu une préoccupation majeure : l’eau.
Bien qu’abondante, elle ruisselle souvent partout, elle est rare en surface, la chaleur et le Mistral se chargeant de rendre sa domestication plus délicate sur les hauteurs.
Et pourtant dans la plaine il y en a trop. Les hommes ont donc du entreprendre des travaux longs, difficiles et ingénieux pour rester maître de cette eau qui était déjà sacrée il y a presque 3000 ans.
L’eau, source de toutes les vies, est l’objet de soins religieux attentifs. C’est autour de cette Eau Sacrée que nos grands ancêtres s’adressent au dieu Glan et aux Mères Glaniques (GLAN ET GLANICABUS) pour les remercier de leur protection tutélaire. Plus tard, si les commerçants grecs respectent les divinités salyennes et leur rendent les hommages qui leur sont dus, les conquérants romains substituent à ces anciennes "idoles" leurs protecteurs reconnus. Agrippa, le célèbre gendre d’Octave, vainqueur à Actium, chargé par son beau-père, devenu Auguste, d’organiser la Gaule et en particulier la Narbonnaise, fait construire, tout à côté de la source sacrée des Glaniques un temple dédié par lui à " Valetudo " . La " PAX ROMANA " s’est installée.
L’eau est aussi l’objet des soins attentifs des divers organisateurs de la cité antique.
Les celto-ligures qui occupaient il y a quelques 3000 ans les petites vallées nord des Alpilles, créèrent un opidum sur un territoire organisé couvrant quelques 40 hectares, protégé de murailles et dominé par le château fort qu’est le mont Gaussier ( encore appelé " castrum " dans les chartes du 11°siècle) et surent trouver puis capter de nombreuses sources qu’ils concentrèrent dans une chambre-réservoir construite en maçonnerie pour pouvoir distribuer l’eau plus bas dans la partie nord du vallon Saint-Clerg. Nos amis archéologues :Boularot, Gazembert et Paillet nous ont récemment révélé l’industrie ingénieuse de ces hommes qui, comme l’écrivait notre amie Marie Gontier avec son humour un peu iconoclaste, surent distribuer l’eau à tout les étages des " cabanes " salyennes quelques 1000 mètres plus bas.
Nous avons vu comment ces mêmes hommes vénérèrent, dans l’autre vallon, l’eau sacrée.
Les commerçants grecs surent profiter du génie rural de leur amis salyens et prolongèrent les canalisations pour alimenter la nouvelle " GLANON ".
La romanisation amplifiât le besoin d’eau . Si, par le temple qu’il fit édifier prés de la source sacrée, Agrippa imposa " Valetudo " comme protectrice de la santé, la substituant aux dieux protecteurs régionaux, ses ingénieurs romains allèrent chercher une eau nouvelle où elle se trouvait naturellement et en plus grande abondance : dans le troisième vallon de Glanum, à l’ouest. Ils surent résoudre le problème posé : assurer un débit régulier de tous les instants grâce à une source, certes abondante, mais dont l’abondance avait ses limites et la régularité pouvait être incertaine, surtout en été. Déjà le trop d’eau des orages évacué par les " gaudres "et le trop peu des mois chauds devaient être maîtrisés. La source alimentait un ruisseau qui franchissait une gorge étroite. Si on parvenait à barrer ce passage étroit, on pourrait créer, par un lac artificiel, une réserve d’eau régulière et abondante toute l’année. C’est ainsi que le génie des ingénieurs romains créa, dans la gorge des " Pirou ", le premier barrage voûte connu de l’histoire des techniques pour servir à Glanum une eau saine, abondante et régulière.(Ce premier barrage sera suivi d’un second, construit par les saint-remois quelques 2000 ans plus tard). L’eau était acheminée jusqu’à la cité par un élégant aqueduc qui suivait savamment les courbes de niveaux et dont les restes témoignent d’un travail tout de précisions et de calculs savants pour que l’eau puisse suivre une pente régulière et arriver aux fontaines et aux lieux de distribution par un canal aux dimensions précises et adéquates. Cela se passait au temps lointains de l’Empereur Auguste. Là encore nos amis archéologues surent nous expliquer et faire comprendre ce grand témoignage d’il y a quelques 20 siècles.
En ces temps, Arles venait de se construire et Glanum de se reconstruire, car César avait peu apprécié que Glanum, alliée de Marseille, se soit retrouvée du coté de Pompée. Opposés dans cette guerre civile, les deux antagonistes ne se firent pas de cadeaux et l’hellénistique " Glanon " subit la destruction du vainqueur. Glanum se romanisât. Nous venons de voir l’œuvre des ingénieurs romains à Glanum. En Arles, on peut imaginer que la 6° légion romaine chargée de ces travaux magnifiques de construction pensât que l’eau ne serait pas prise dans le fleuve voisin car on avait besoin d’une eau claire et propre. Elle dut penser naturellement aux Alpilles et à ses sources secrètes. Le principe fut simple et ingénieux : de grandes sources, comme pour Nîmes, point. Les travaux colossaux tels ceux du " pont du Gard " ne s’imposaient guère. Nos ingénieurs romains surent s’emparer de toute une série de petites sources, soigneusement enfermées dans une canalisation méticuleusement construite suivant des dimensions évolutives précises et une pente telle que le point de départ puisse permettre une arrivée et un débit convenablement utilisable. Ces sources se situaient sur les flancs nord et sud des Alpilles. Les aqueducs, tantôt enterrés, tantôt aériens acheminaient l’eau ainsi collectée au lieu dit de "Barbegal " où l’éminent archéologue et historien Fernand Benoit retrouvât cette magnifique meunerie industrielle, rare exemple connu de ces techniques qui commencent à nous être révélées par des expositions magistrales telles celle consacrée au printemps 2001, au Grand Palais, à Paris, aux techniques découvertes dans les restes des cités ensevelies sous les cendres du Vésuve dévastateur en 79 de notre ère. Une de ces deux canalisations se dirigeait alors vers Arles qu’ elle alimentait en eau potable il y a donc là aussi environ 20 siècles. C’est nos amis Etienne Blanchet et Bernard de La Comble qui nous révélèrent récemment ce qu’étaient ces aqueducs. Cet éminent officier, né à Saint-Remy d’une bien ancienne famille, sût utiliser son temps, devenu plus libre, à cette œuvre de restitution, (sur le papier bien sûr et, hélas, que n’a-t-il pu, pour notre immense satisfaction, reconstruire voûtes, arches, bassins de décantation ou siphons permettant de surmonter les obstacles qu’il nous présente avec tant de science, de réalisme et……de modestie ; Bernard lui apporta son talent admirable de photographe ).
A cette époque encore, la vaste plaine qui s’étend au nord des Alpilles, dans ce merveilleux pays encadré à l’est par la Durance, rivière alpine à l’époque violente, sans frein, charriant sans trêve les roches arrachées aux Alpes qu’elle transformait en galets, tapissant nos craux de limons fertiles, et à l’ouest par le Rhône puissant et majestueux, voie de communication sublime qui autorisât les échanges et les commerces entre toutes ces populations bien isolées, fût l’objet des soucis des hommes qui devaient nourrir des populations de plus en plus nombreuses. On utilisât les cours encore incertains de la Durance ( les nautes du Rhône et des marécages de Durance appartenaient à la même compagnie). On construisît des quais, des digues, des canaux pour assainir et, déjà, évacuer le trop plein d’eau pour gagner à la culture le plus de terre possible et y installer les vétérans des légions. Tel ancien de la 22° légion " RAPAX " dût s’installer, après avoir rendu hommage aux Mères Glaniques ", vers Graveson, Eyragues ou plus près au mas des Vérans, au débouché d’une vallée venant du Sud où l’on découvrit, il y a peu, une petite nécropole, ou encore plus près de Glanum dans l’"Ager Fretensis " qui deviendra, selon toute probabilité, le monastère de Saint-Paul de Mausole " ad radicem montis Gausserii ". Toutes ces grandes " villae ",vastes domaines d’exploitation agricole, avaient besoin d’eau mais aussi de terres irrigables. La conquête du marais fût de toute évidence le combat du soldat-paysan, puis du paysan tout court dont la mission ancestrale fût de nourrir les cités. Quand il y a trop d’eau , il la faut faire partir. Les drains sont connus depuis une antiquité lointaine. Le principe du captage ou du drainage est le même : attirer l’eau pour s’en servir ou pour l’évacuer .Le grand ingénieur romain Columelle, vivant sous le règne d’Auguste, donnait les instructions suivantes pour l’assèchement " si humidus erit " :si le sol est humide, il faudra faire des fossés pour le dessécher et donner de l’écoulement aux eaux. On connaît deux sortes de fossés : ceux qui sont cachés et ceux qui sont larges et ouverts. Le paysan d’il y a 2000 ans suit déjà les instructions des ingénieurs . La terre limoneuse de Rhône ou de Durance est fertile. Et l’on bine et l’on creuse pour évacuer l’eau des marécages, ces fameux " paluds " auxquels est confrontée toute une population soucieuse d’étendre l’espace agricole pour produire les céréales dont on a grand besoin(la meunerie de Barbegal en témoigne) ainsi que les fruits provençaux qui décorent encore l’arc de triomphe du plateau des Antiques. On parvient alors à rendre utile ce limon fertile.
On amène donc l’eau de l’Alpille où elle manque et on commence à l’évacuer quand elle est trop abondante et donc gênante dans la plaine. Le célèbre triangle d’or peut et doit nourrir toute les populations qui y vivent mais aussi bien d’autres dans les cités au loin.
Que ce soit à cause de la Durance ou du Rhône, l’eau doit être évacuée pour conquérir la terre nourricière. On creuse donc les fossés d’évacuation d’eau. Le combat alternatif de l’homme dans cette bataille de l’eau montre son ingéniosité si pas son génie en perpétuel éveil pour trouver les solutions pratiques au jour le jour, qui deviendront des solutions d’ensemble quand les moyens sociaux, financiers et techniques permettront, par une vision globale de créer de grands réseaux de " purge " correspondant à des bassins naturels, l’un dirigé vers la Durance : " l’Anguillon " l’autre vers le Rhône : " le Vigueirat ".
Saint-Remy, Saint-Paul –de- Mausole , dépendent à un moment de Mont-Majour. Cette Abbaye est sur son piton au dessus du marais des Baux et d’Arles qui correspond d’ailleurs avec le marécage nord. Elle a besoin de terres pour ses laboureurs, elle favorise donc le départ de l’eau en trop. Elle donne l’exemple à tous ceux qui dépendent d’elle et reprend de son mieux les vieilles techniques romaines trop souvent oubliées. Les moines , les monastères, les abbayes, furent les premières sociétés organisées en mesure de concevoir des travaux d’intérêts généraux pour nourrir tout un petit monde de plus en plus nombreux après les grands dépeuplements dus aux destructions des invasions barbares. Ces " vidanges " , d’ailleurs, recevront , au début tout au moins, les eaux en surplus des canaux d’irrigation créés au 19° siècle .
Le moyen-âge ne fût pas en reste. Il eut le souci d’assécher de son mieux et de gagner le plus de terre possible sur le marais de Durance et de Rhône : il fallait manger ! La célèbre et bien aimée Reine Jeanne doit peut-être sa popularité à ce qu’elle permis à ses paysans d’assécher la plaine, de gagner ainsi des terres et de manger à sa faim.
Jusqu’à nos jours la double nécessité :se procurer de l’eau et évacuer le trop d’eau alla de pair. A la fin du seizième siècle le grand ingénieur salonnais : Adam de Craponne fit creuser le canal qui , irriguant la Crau, fit gagner des terres arables en quantité. L’esprit au sud des Alpilles comme au nord était bien , à travers l’eau, de gagner des terres pour nourrir tout le monde. Et le nord-alpille ne fut pas en reste.
En effet, le piedmont des Alpilles, au sud comme au nord, était une terre de sécheresse. Là encore il fallût jouer sur le trop d’eau et le pas assez d’eau. Dés le début du 17°siècle on envisageât de rétablir en quelque sorte un ancien bras de Durance et de creuser un canal au pied même de l’Alpille pour irriguer les hautes terres sèches. Le canal devait donc naturellement faire la jonction entre Durance et Rhône, d’Orgon à Saint-Gabriel. Las, les difficultés administratives, financières et techniques mirent du temps à être résolues. Ce n’est que le3 avril 1773 que Louis XV approuva la délibération de l’assemblée de Provence sous l’impulsion de Monseigneur de Boisgelin :une somme importante était réservée pour la construction de ce canal dont on fait commencer aussitôt les travaux. Un premier tronçon va jusqu’à Orgon et une dérivation commence à irriguer le sud-alpille dénommé Canal des Alpilles dés 1791, en fait seul la branche méridionale fonctionne dans le cadre d’une association de communes sous le vocable de l’œuvre générale du canal des alpilles dés 1814, association qui se charge de l’entretien du canal et le considère quelque peu comme son bien propre ce qui ne sera pas sans créer de graves conflits par la suite lorsque d’autres sociétés seront chargées des travaux des autres branches.
Et le nord-alpille ? Le projet propre à cette partie est approuvé en 1826, et les difficultés commencèrent. En effet l’adjudication des travaux intervint 13 ans plus tard, en 1839, les travaux concernant la branche de Saint-Remy s’achevèrent en 1850 et celle de Rognonas en 1860 ! Pas moins de trois sociétés s’ épuisèrent pour effectuer les travaux. Ce fut une construction " cahotique " tant les intérêts furent opposés et les implications politiciennes intempestives. Le Maire saint-remois Blain fît tout pour activer les travaux et surmonter les obstacles de tous ordres car il était à juste titre convaincu de l’intérêt primordial pour ses concitoyens de l’usage agricole de cette eau, seule apte à apporter une nouvelle richesse. Il fut soutenu par son conseil municipal qui délibéra, modifia, rectifia et parvint à faire adopter la solution " haute ", le plus possible, afin de gagner de la terre productive.
De 1840 à 1844 le projet fût géré par la " Compagnie générale de dessèchement ". Si en apparence le projet paraît simple il est en réalité très complexe. Suivre, en gros, un ancien lit de la Durance n’est pas si aisé. Ce que les ingénieurs romains durent résoudre en ponts en fossés ou en souterrains pour construire leurs aqueducs au pied des Alpilles pour conduire l’eau alimentaire à Arles, pour tenir compte du relief, nos ingénieurs modernes ne furent pas mieux lotis. Il fallût construire de nombreux ouvrages d’art pour passer au dessus des gaudres, des routes, etc. De grandes difficultés financières, le relevé par les ingénieurs conseil de graves malfaçons font que la compagnie est déchue et le canal confié à un nouvel adjudicataire : " la Compagnie du Canal des Alpines " constituée par une société anglaise. Elle s’active, on creuse, on dépasse la bifurcation Eyrague-Saint-Remy mais les exigences de plus en plus importantes des propriétaires face aux expropriations ralentissent considérablement les travaux . On passe outre, ce qui provoque des conflits, des plaintes en justice, des arbitrages : procédures qui prennent du temps et la machine se grippe à nouveau d’autant plus que le temps se met de la partie. Les orages de1847 sont une véritable catastrophe : les divers chantiers n’étant pas systématiquement achevés, de nombreux barrages de déblais se forment, l’eau furieuse des orages dévastent les champs, emportent les remblais encore fragiles, bref un véritable cataclysme dont les conséquences sont très graves tant sur le plan technique que financier ce qui n’améliore pas le climat dégradé de la confiance . L’agent voyer de Saint-Remy écrit en novembre 1847 : " toutes les cataractes du ciel semblaient ouvertes et une masse d’eau épouvantable couvrit les terrains inférieurs. Les jardins placés entre le chemin de grande communication n° 9 et les remparts d’Eyragues furent couverts de cailloux et de sable sur une épaisseur de plus de un mètre . Sur le talus, des oliviers arrachés vinrent se déposer… ". L’incompréhension s’installe entre le conseil municipal saint-remois et la compagnie. Les relations mauvaises, influencées par les difficultés économiques générales du moment : banques, chemins de fer, faillites graves en tous genres, vont en empirant : les travaux s’arrêtent. Le conseiller du gouvernement demande la déchéance de la compagnie qui est prononcée le 17 Août 1848, déchéance confirmé par le Conseil d’Etat le 26 juin 1853 !!!!. Pour un peu d’eau que de déboires et de temps perdu. Le paysan est de plus en plus sceptique d’autant que la sécheresse de 1849 est lourde à supporter quand l’eau salvatrice est si proche. Des esprits courageux et dynamiques se réunissent pour former un syndicat afin de poursuivre les travaux une fois encore arrêtés. Manque de technicité, manque de moyens, on arrive à peine à relier ce que nous appelons " les chutes " au pont de la route de Maussane entre Notre Dame de Pitié et les arènes Coinon. Tout cela pour pouvoir utiliser l’eau. L’ouvrage n’étant pas achevé il faut créer des dévidoirs en cas d’excès d’eau. On pense n’introduire que l’eau strictement nécessaire, ce qui est particulièrement difficile à réaliser, on pense aussi à utiliser l’important réseau des gaudres au dessus desquels on a du construire tant de ponts. Leur fonction naturelle n’est-elle pas d’évacuer l’eau furieuse des orages ? ne vont-il pas pouvoir évacuer le surplus paisible du canal ? On se résout à accorder à la compagnie un nouveau délai car elle semble défendre l’intérêt public contre les intérêt personnels. Mais la tache est lourde :il lui faut  achever la branche de Saint-Remy à Saint-Gabriel, la branche d’Eyragues, construire la branche de Noves et construire un prise d’eau à Rognonas car la prise primitivement prévue à Mallemort risque d’être insuffisante. La situation financière de la compagnie anglaise ne lui permet pas de faire face à une telle besogne. On se met à bricoler les années passant, on arrose deçi-delà en se fiant aux déverses potentielles des gaudres en cas de surcroît d’eau . Finalement la société anglaise est définitivement mise en déchéance.
Il faudra attendre 1854 pour que la Compagnie Courtet soit autorisée à reprendre le projet . Il faut d’abord reprendre toutes les malfaçons qui se révèlent nombreuses et pallier le manque d’entretien : maçonnerie, pentes, berges, ponts, aqueducs, martillières , digues, etc… etc…etc. A la suite d’un gros orage tel que les Alpilles en connaissent, le pont près du château Pélissier est emporté au cours de l’été 1852. Enfin la branche d’Eyragues s’achève par le déversoir dans le Réal à Chateaurenard puis dans le Vigueirat démonstration à nouveau de l’alliance de la vidange et de l’irrigation. Enfin en 1856 la branche du nord terminée, le tronçon allant du bassin de partage à Saint-Remy jusqu’à Saint Gabriel débouche dans le Vigueirat. Tout le réseau, même la branche de Noves atteint le ravin de Villargelle qui conduit les eaux dans l’Anguillon, est achevé en 1857.
Après la fin des travaux vint le temps des disputes : violation de propriétés, lutte entre la compagnie Courtet et le Vigueirat, dommages et intérêts, arbitrages, jugements, appels…. !
Cependant, malgré les difficultés de toutes sortes : techniques, climatiques, financières, les méfiances aggravées par la longueur des travaux, l’eau est enfin à la disposition d’une population rurale qui connaîtra grâce à elle et malgré des hauts et des bas une extraordinaire prospérité agricole jusqu’à une période récente et fera connaître le renom du terroir saint-remois dans le monde entier.
En cette fin du 19° siècle, la préoccupation majeure de nos édiles et de nos concitoyens continue d’être l’eau. Après les tribulations engendrées par la construction du réseau d’irrigation pour permettre l’exploitation des terres agricoles, on put se consacrer à l’amélioration des réserves d’eau ménagère disponibles à Saint-Remy. Il y avait bien des puits un peu partout mais, l’été, nombreux étaient taris et le manque d’eau ne permettait pas une hygiène collective et personnelle convenables. Même si résignée, la population n’était pas satisfaite. Les plaintes et les réclamations étaient de plus en plus fortes et nombreuses. De fait, il était pratiquement impossible de laver la ville et les bêtes de trait, les troupeaux laissaient des traces nauséabondes. Les jours de marché, surtout du côté des poissonniers, l’odeur était infecte.
La réalisation, longue certes, presque 50 ans, du canal d’irrigation, avait provoqué bien des inquiétudes, des analyses et des réflexions. Mais on se sentait plus aguerris pour dominer de grands projets et donc de les entreprendre. On réfléchit beaucoup, on disputa beaucoup, on rêva encore plus et on fit un beau projet. Comment se présentait la situation : des sources, il y en avait, mais chacune était insuffisante, la conclusion petit à petit s’imposait : il fallait un grande retenue d’eau provoquée par un barrage. On chercha, encore et encore et on trouva un gaudre qui laissait s’écouler l’eau d’une source abondante, le gaudre traversait une gorge étroite, il suffirai de barrer la gorge par une muraille qui arrêterait l’eau : et l’on aurait ainsi un petit lac, réservoir artificiel à la disposition des saint-remois. Le gaudre était le gaudre du mas de Gros qui franchissait l’Alpille par la gorge du "  Pirou ".
Pour alimenter ses fontaines et donner de l’eau en plus grande abondance à ses citoyens SainRemy décida de construire ce barrage, dans cette gorge et à quelques mètres du lieu retenu pour l’antique barrage, renouvelant ainsi l’histoire et l’expérience romaine de Glanum prés de 2000 ans plus tard . Et le barrage fut réalisé.
Les plans furent rapidement dessinés, chiffrés et dés 1884 une subvention de 8217.83fut accordée pour assurer régulièrement l’alimentation des fontaines publiques. Mais le ministre des travaux publics ne jugea pas cette opération satisfaisante et s’opposa à la subvention. Le montage financier pour une telle opération était complexe. On fit appel au Conseil Général qui en Août 1885 marquât son intérêt pour l’opération et inscrivît une somme de 1793.33 francs. Le Ministre de l’Agriculture débloqua uns somme de 3500 francs, soit le tiers de l’enveloppe nécessaire, estimée à 10400 francs. La nouvelle argumentation était habile : il n’était plus question d’alimenter les fontaines saint-remoises mais de tenter de mettre un terme aux dégâts provoqués par les eaux d’orage qui corrodent les berges du vallon de Jonquerolles et aussi de faire cesser les apports de terre et de graviers qui venaient obstruer, dés son origine, le canal de dessèchement du Vigueirat . On gardait en mémoire les dégâts causés par les orages pendant la construction du Canal des Alpilles. On parvenait ainsi à élever le débat et à prendre en compte l’intérêt de l’organisation générale du maillage mis en place pour évacuer les trop-plein et assainir la région. On fit modifier le plan d’origine pour obtenir un mur voûte plus épais en vue de réduire la " résultante oblique des pressions " .
Le 22 octobre 1886 M. BONNET, conseiller d’arrondissement, est chargé de l’enquête d’utilité publique. La modification du dessin architectural en vue de remédier à la "  faiblesse de l’épine de stabilité" entraîne des modifications financières. Le 27 avril 1887 le Conseil Général accorde une nouvelle subvention de 3580 francs. Mais le ministère annule la sienne en raison des restrictions de crédits parlementaires.
 
L’achat des terrains appartenant à la famille GROS pour permettre l’édification du barrage aboutit le 1er. avril 1890, lors d’une séance extraordinaire du Conseil Municipal qui autorise le maire, Emile DAILLAN, à signer l’acquisition pour 2 500 francs ( au lieu des 10 000 demandés ) avec Madame Jean-Pierre GROS, née Elisabeth DEVILLE, veuve depuis le 19 avril 1888. ( A cette date s’éteint le dernier propriétaire du domaine portant le nom de GROS. Le mas sera vendu à Bruno CHARRIN qui devra honorer par devant M° Albert BLANC les obligations de Madame Jean-Pierre GROS envers la municipalité). La surface acquise est de 1 hectare 79 ares et 89 centiares. Le coût final du barrage est arrêté à 17 500 francs. Les subventions ministérielles sont rétablies et dés le 27 avril 1890 les travaux peuvent commencer. Ils sont menés rondement et touchent à leur fin le 10 octobre 1891. Le coût est moins élevé que prévu : il s’agit de 13823.35 francs. Le conseil décide que le reliquat de 2676 francs sera utilisé pour la construction d’un nouveau barrage, analogue au premier, mais seulement de 5 mètres 50 de haut. Les avantages argumentaires sont les suivants : augmenter le cubage d’eau disponible, barrer la gorge et empêcher les dépôts de détritus et enfin diminuer la distance jusqu’à la conduite d’adduction. C’est Paul BERTRAND, adjudicataire du 1er barrage qui sera chargé de la construction du second. Lors du conseil municipal du 28 décembre 1894 le maire, Pierre BARBIER, présente un projet complémentaire au coût de 4855,20 francs pour réaliser les nouveaux travaux suivants : instaurer une masse filtrante au petit barrage, installer 5 fontaines (sur le plateau des Antiques et sur la route de Maussane, 3 bouches d’arrosage sur la dite route pour servir aux plantations plus des robinets-vannes " de réglementation " en tête de la conduite et sur les branchements.
Tout ce travail des édiles saint-remois, suivant les différentes municipalités, pendant 12 ans, de 1883 à 1895, démontre leur préoccupation en faveur de l’amélioration du cadre de vie de leurs concitoyens. Ce travail ira de pair avec le soin apporté à fournir de l’eau " jaillissante ",dans les " faubourgs " par l’édification de fontaines publiques.
Lors de la session du 14 août 1847 le Conseil Municipal adopta les propositions de son maire Joseph-Léon-Cloud BLAIN pour édifier 2 fontaines : la fontaine de la Trinité et la fontaine de la place d’Armes.
Il est intéressant et remarquable de constater dans les comptes rendus des séances du conseil municipal et dans les échanges de lettres avec l’administration préfectorale, l’introduction de l’usage, pendant la période de la 2° république de 1848, de réutiliser les expressions révolutionnaires. Emile OLLIVIER, préfet des Bouches du Rhône, Citoyen Commissaire du Gouvernement,( on préfigure cette appellation qui fut remise à l’honneur en 1944 et en 1981 après le succès de la gauche) s’adresse au citoyen sous-préfet ou au citoyen maire et termine ses lettres par le célèbre : "  Salut et Fraternité ".
Le maire Joseph-Léon-Cloud BLAIN déclare donc le 14 août 1847 au Conseil Municipal que la fontaine de la place d’Armes est nécessaire car " le faubourg au sud-ouest de la ville manque d’eau pour les besoins domestiques ;….. les puits y tarissent à l’époque des grandes chaleurs et …..il y aurait nécessité de chercher à trouver dans les terrains au midi une source assez abondante pour fournir à une fontaine jaillissante sur la place d’Armes qui est au centre de ce faubourg. On pourvoirait non seulement à un indispensable besoin mais cette fontaine serait encore un ornement pour la ville " . Un crédit de 300 francs est alors voté pour effectuer les sondages nécessaires.
Le 6 avril 1848, le citoyen Joseph-Antoine BERNARD, maire provisoire, fait voter un crédit de 3 000 francs pour ouvrir un atelier national de travail pour secourir " les malheureux inoccupés que les circonstances fort graves recommandent à la sollicitude de l’administration ". Le citoyen maire propose de diriger les ouvriers sur les premiers travaux depuis longtemps réclamés pour l’établissement d’une fontaine sur la place d’Armes. Le 3 mai, le citoyen Emile OLLIVIER, commissaire du Gouvernement, approuve et autorise le projet " pour établir un atelier de charité à l’effet de subvenir aux besoins de la classe indigente…. Salut et Fraternité. " . Le 3 août 1848, le citoyen maire André Marie Toussaint PELLISIER, présente un surcoût du projet de 2 697 francs pour couvrir les dépenses "  de tuyaux en poterie la couverture de l’aqueduc ainsi que les ornements de la fontaine "( ils apparaissent pour 400 francs).Le Conseil adopte les propositions du citoyen maire, considérant que : cela sert à l’agrément et l’embellissement du faubourg et que si les travaux ne sont pas terminés, tout est perdu, la route de Notre-Dame reste impraticable, l’état des dépenses et des recettes de la commune le permet, il y a donc lieu de voter une somme de 2 697 francs pour la construction d’une fontaine sur la place d’Armes par un atelier national. Il est important d’obtenir l’accord du citoyen commissaire du gouvernement "  pour ne pas laisser chômer les ouvriers qui ont besoin de travailler pour soutenir leurs familles ". L’accord sera donné le 17 août1848.
C’est ainsi que cette fontaine, détruite malheureusement en 1931, fut le produit de la volonté populaire de la seconde république d’assainir le faubourg, d’être donc utile aux populations modestes et de lutter efficacement contre le chômage. "  SALUT et FRATERNITE ".
L’histoire de la fontaine de la Trinité est plus longue, plus difficile et l’administration retrouve sa lenteur et perd, peut-être, de sa sollicitude.
Elle débute au cours de la même séance du Conseil Municipal du 14 août 1847. Le maire Joseph-Léon-Cloud BLAIN développe cet argumentaire : " le faubourg à l’est …..traversé par la route royale d’Orgon devrait aussi( la proposition fait suite à celle concernant la fontaine de la place d’Armes) être pourvu d’une fontaine jaillissante. Les puits y sont rares et le besoin d’une quantité d’eau suffisante pour les besoins domestiques s’y fait sentir principalement pendant les grandes chaleurs ". En raison de la situation financière la construction d’une fontaine est écartée mais on retient l’idée qu’il est indispensable de creuser un puits sur lequel on installerait une pompe et qui se situerait en face de l’ancienne église de la Trinité qui " sert actuellement  de dépôt de fourrage ". Un crédit de 150 francs est voté . Le 17 juin 1848, l’ingénieur de l’arrondissement d’Arles rappelle au citoyen maire que seul "  le citoyen commissaire du gouvernement peut autoriser le creusement d’un puits. Salut et Fraternité. ".Rapide, le dit citoyen commissaire donne l’autorisation le 9 septembre 1848. Le temps passe car on est à la recherche de la meilleure solution qui semble être la source privée de l’hôtel de la "  Graille ". La propriété étant en vente, l’architecte Joseph Girard propose que le lot concernant la fontaine-réservoir située dans le jardin, d’une valeur de 1 200 francs, soit séparé des autres lots. Les sommes couvrant les dépenses des tuyaux et l’achat de la source sont inscrites au budget primitif de 1857, soit 10 ans après la prise de décision concernant cette fontaine. Hélas, la vente n’a pas lieu. Il est alors décidé de reporter ces sommes, plus 2 000 francs, au budget supplémentaire de 1858 en vue de " la construction d’une fontaine au quartier de la Trinité pour assurer les voies et les moyens nécessaires à son exécution ". Mais le projet doit être abandonné car la " Graille ", vendue enfin, a un nouveau propriétaire qui ne veut rien céder à la mairie. On revient donc au début du projet : sondage pour trouver une source suffisante. On trouve de l’eau, certes, mais on est sur l’argile noire et le débit est nettement insuffisant. On procède, sans se décourager, à un nouveau sondage au " Valat neuf ". Enfin l’eau est belle et très abondante dés 2 mètres 50. Le surcoût est évident. En effet on a sonder 2 fois, la distance est 4 fois supérieure , l’aqueduc 3 fois plus important, les tuyaux 5 fois. La nouvelle estimation atteint 3 914,44 francs . Le montage financier s’équilibre entre les fonds libres et des reports sur le budget supplémentaire de 1859.
Au cours de la séance du Conseil Municipal du 7 février 1859, le maire Jean-François CLAVEL présente le projet définitif, complet et certes plus coûteux. La commune dispose d’un excédant de recette important :
8 971 francs , le devis , complet a donc évolué. Le puits creusé, on devra consacrer 6 457.04 francs pour la conduite et l’aqueduc, 1 637.96 francs pour le monument lui-même. On se met d’accord et on confie l’ensemble du projet à un seul entrepreneur. Le 12 avril1859 le cahier des charges, élaboré par l’architecte Joseph GIRARD, est adopté par le Conseil Municipal et le 18 mai 1859 l’adjudicataire, Paul MAURON, est en mesure de commencer les travaux qui dureront environ un an, la réception définitive ayant lieu le 28 juin 1860. La dépense totale aura été de 8 282 francs et 83 centimes.
Cette fontaine de la Trinité sera démontée en 1938 car la circulation devenait difficile et il fallut laisser la place aux véhicules de toutes sortes, les sens uniques de circulation n’ayant pas encore été instaurés.
Cette belle fontaine n’aura vécu que 78 ans. Il ne nous reste donc plus rien de ces embellissements réalisés par nos ancêtres au 19° siècle, à part la fontaine de la place de la Mairie dont les saints-remois étaient si fiers et la fontaine " Nostradamus ". En effet la fontaine du Planet est la plus récente et date du début du 20° siècle.
Nous tenterons de dire l’histoire de ces trois monuments plus tard.
Nous pouvons ajouter, en guise de conclusion, que la bataille de l’eau et de l’assainissement à Saint-Remy ne s’est jamais arrêtée, jamais gagnée, jamais perdue. De grands chantiers furent entrepris, dans les années cinquante, par la municipalité Charles MAURON, profitant de la grande vague des investissements ruraux suscités par la Quatrième République dans l’élan de la reconstruction du pays après les destructions de la seconde guerre mondiale, pour installer l’eau courante et le tout-à-l’égout. De même que nous avons connu l’électrification des écarts dans les années soixante nous souhaitons que nos édiles s’attachent à l’équipement des écarts en eau potable et à la réalisation d’un réseau d’assainissement.
 
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Je ne prétends pas avoir épuisé le sujet merveilleux de l’eau à Saint-Remy. D’autres gaudres, d’autres sources, d’autres installations (piscine par exemple) ont joué un rôle éminent dans l’évolution de notre petit monde. La révolution industrielle, avant de connaître les différentes machines sources d’énergie, utilisera l’eau. Les exemples saint-remois sont nombreux et ingénieux ( moulin, meunerie, papeterie etc…). Je souhaite pouvoir poursuivre ces études grâce aux archéologues, aux autres chercheurs qui trouvent ici l’expression de ma reconnaissance, " aux archives " et faire part aux saint-remois du résultat de mes recherches et susciter de plus jeunes chercheurs( certains ont déjà réalisé des documents fort utiles) à se complaire dans nos fonds d’archives si riches et si passionnants dont l’accès et l’étude sont hautement facilités par la compétence de ceux qui en ont la garde et par la gentillesse sans limite de l’accueil.
 
 
 
Robert Leroy
 
 
Saint-Remy-de-Provence le 7 mars 2002
 
Notes
 
NOMS de FAMILLES CITES
 
 
 
BARBIER Pierre : (négociant) 1841-1908
Maire : 1892-1898, 1904-1908
Conseiller Général :1904-1908
Président du Conseil Général :1907
 
BERNARD Joseph Antoine : (pharmacien)
Comité républicain :11 03 1848 / 31 05 1848
 
BLAIN Casimir : (médecin)
Maire : 14 07 1860 - 17 07 1865
 
BLAIN Joseph Léon Cloud (propriétaire) 1775-1865
Maire : 1835-1848
Conseiller Général : 1837-1848
 
CLAVEL Jean-François :( ancien officier)1798-1876
Maire : 1855-1860, 1869-1870
 
DAILLAN Emile : (Propriétaire)1836-1892
Maire : 1876-1892
Conseiller Général :1880-1892
 
PELLISSIER Jules (médecin) 1810-1882
Maire : 1871-1872
Président des Comités Républicains : 1848 et 1870
Comité républicain : 28 02 1848 / 10 03 1848
Conseiller d’Arrondissement : 1870-1872
Membre de la Commission Départementale :1870
 
PELLISSIER Marie André Toussaint (médecin)
Comité républicain :1 06 1848 / 21 08 1848
 
GROS Jean-Pierre : 24 06 1816 / 19 04 1888
Dernier GROS propriétaire du Mas de GROS
Epouse le 18 01 1853 Elisabeth DEVILLE
Fils de Joseph GROS et de Anne MOULIN
Un fils :Thomas-Marie :30 07 1860-31 07 1860.
 
Joseph GIRARD :
Architecte, il construisit de nombreux immeubles et monuments à Saint-Remy
(aile nord de Saint-Paul, Hôtel dit Chabert, Hôpital, etc…,fontaine de la TRINITE )
Grand-Père de Marie GASQUET.
 
Emile OLLIVIER :Marseille 1825-Saint-Gervais-les-Bains :1913
Préfet " Commissaire du Gouvernement " des Bouches-du-Rhône en 1848 ( 2° République).
Député républicain 1857 puis 1863
Il se rapproche de L’Empereur . (Empire libéral) Premier Ministre :2 janvier 1870.
Il prit la responsabilité de la guerre :15 juillet 1870, et démissionna le 9 août 1870 et . se retira en Italie jusqu’en 1873.
Publications : L’Empire Libéral . Journal (publié en 1961)
 
 
Généalogie rapide de la famille de Joseph Gros et de Anne Moulin.
Antoine : né le 28 novembre 1811, marié le 29 octobre 1839
Jean-Pierre : né le 24 juin 1816 Marié le 18 janvier 1853
André né le 3 avril 1819, marié le 30 novembre 1843,
Et 2 sœurs : Marie :née le 7 02 1814
Marie :née le 2 02 1822
 
Jean-Pierre, né le 24 juin 1816, épouse le 18 janvier 1853 Elisabeth Deville, née le 2 décembre 1819 de Thomas et de Anne Roumanille.(6 frères et sœurs), décédée le 19 décembre 1892
. 1 enfant, garçon :Thomas, Marie :né le 30 juillet 1860, décédé le 31 juillet 1860.
Jean-Pierre :décédé le 19 avril 1888 au mas de " GROS ".
Contrat de mariage devant M° André-Marie Flavier-Teissier le 16 juin 1856
 
Louis Gros épouse :Férrier Madeleine. Ils eurent 9 enfants
Jean :30 oct. 1755 . mariage :9 02 1783.
Joseph : 25 août 1757
Antoine :19 fev. 1760
Pierre : 16 mars1762
Pierre :18 mars 1763 . mariage :20 03 1792
Louis : 20 nov.1766 . mariage : 28 niv.an X
Marianne : 23 fev. 1770
Joseph : 29 jan. 1773
Joseph : 31 déc. 1777 , décédé le 13 oct. 1851 épouse Anne Moulin
 
 
Barrage du " PIROU "
 
Notes d’archives :N3-1 1883/1895. (3 liasses ;56 pièces)
Mai 1884.subvention de 8217,83 :amélioration des fontaines.
14 novembre 1885 et 30 octobre 1885 :refus de subvention du ministère des travaux publiques pour la construction de barrage dans la gorge des " Pirou " . (Il manque :3466,67)
Procés verbal de soumission :réception définitive :31 12 1885 Mauron Simon entrepreneur  :9145,93
Rabais  : 823,13
Total :8322,80
Subvention du Conseil Général : Août 1885 :1793,33 pour la construction d’un barrage dans la gorge des " Pirou ".
 
Subvention : accord du tiers :3500,00 par le Ministre de l’Agriculture (Julien Develle) adressée au Ministre des Postes et des Télégraphes (M. Granet).26 mars 1886 :barrage dans la gorge dite des " Piroou "
Lettre du Ministre de l’Agriculture Julien Develle accordant 3 500,00francs sur les10 400,00 évalués, en raison du fait que : " la retenue dans la gorge du Piroou des eaux d’oragequi corrodent les berges du vallon de Jonquerolles , et en vue de faire cesser les apports de terre et de graviers qui viennent obstruer, à son origine, le canal de dessèchement du Vigueirat …….demande de mur plus épais en vue de réduire la résultante oblique des pressions ( 2 avril 1886 ) "
Désignation de M. Bourdet Guillaume, Conseiller d’Arrondissement à Tarascon, pour recevoir l’enquète.(22 octobre 1886).
12 novembre :remaniement du projet suite à la lettre du 2 avril 1886 . Reste à charge de la commune :10 400-1733,33-3500=5166,67 . Mais dans la lettre d’observations sur la faiblesse de l’épine de stabilité la dépense s’élèvera à 16 500,00soit 1 600 de plus. Demande de subvention de 2 600,00en plus.(lettre idem au Sénateur des B-du-R M. Velten). Nouvelle subvention de 3 500,00du Conseil Général(25 avril 1887).
1 avril 1889 :annulation ministérielle de le subvention de 3 500,00 en raison des décisions de restriction de crédit du parlement.
1 avril 1890 :Conseil municipal extraordinaire, Emile Daillan Maire, Mme. Gros née Deville cède le terrain pour le barrage du Pirou à 2 500,00 , au lieu de 10 000,00 demandés
12 février 1891 :acte de cession pour 2 500,00 d’un hectare 79 a 89 c par Bruno Charrin(acte du 18 octobre 1890 chez M° Albert Blanc) quartier du Gavon (barrage et bassin de la gorge du Pirou)
Coût du barrage du P:
Subvention départementale :20 août 1885, 1 733,33
25 avril 1887, 3 500,00. 5 233,33
Subvention de l’Etat 26 mars 1886, 3 500,00
Retiré 19 mars 1889 -3 500,00
Redemandée 27 mai 1890 3 500,00 3 500,00
Contingent de la Ville 15 juin 1886 3 000,00
2 juin 1887 2 166,67
27 juillet 1889 2 600,00
1890 1 000,00 8 766,67
Total 17 500,00
Le projet est fixé à 16 500,00
Le terrain prévu pour 1 500,00,coute 2 500,00(cf.délibération du 1 avril 1890 page 389). Majoration de 1 000,00 = 17 000,00
Conseil municipal du 10 octobre 1891 :Projet complémentaire : le barrage touche à sa fin et la dépense totale (terrain compris) atteint la somme de 13 823,85.Il y aura un reliquat de 656,20sur l’entreprise et de 3,60 sur la régie. De sorte que l’économie sur l’estimation du projet qui était de 16 500,00 sera de 2 676,15. Le conseil ayant voté les 16 500,00, on pourra utilement utiliser le reliquat : faire un deuxième barrage analogue au premier à l’entrée de la gorge des Pirou, mais de 5m,50de haut seulement. Intérêt : 1° augmenter le cubage de l’eau, 2° barrer la gorge et empêcher les ordures, 3°diminuer la distance jusqu’à la conduite d’adduction. Exécution par l’adjudicataire du premier barrage, Paul Bertrand.
 
Adduction d’eau et fontaines
Au XIX° siècle, un effort particulier a pour objet l’eau. Dés 1884 Saint-Remy possédait un réseau d’adduction d’eau qui comprenait trois prises : Notre-Dame, Chabert et Saint-Joseph. L’eau provenait du canal des Alpilles, mais l’eau était insuffisante et venait à manquer. On pensa alors a construire un barrage sur les terrains du mas de Gros et de barrer par un mur , barrage voûte, le défilé des " Pirou " au vallon des joncherolles. Les économies permettront de construire en aval, au nord du premier mur, un second barrage. La conduite rejoindra les Antiques puis se dirigera vers Sant-Remy, en suivant la pente pour rejoindre la prise " Notre-Dame ". De là les eaux seront réparties vers les autres prises, plus la nouvelle : celle du cimetière. Le réseau étant fragile( poterie) on passa à des canalisations en fonte. Les fontaines se trouvèrent alimentées régulièrement et on put en construire de nouvelles (fontaine du Planet réclamée par la population pour nettoyer la place, nauséabonde surtout les jours de marché (détritus :légumes, poissons, urine et crottin des bêtes). En 1900 on estime qu’il y avait environ 13 fontaines monumentales ou abreuvoirs et 8 bornes fontaines.
Certaines fontaines monumentales sont restées célèbres à Saint-Remy :
La fontaine place de la Mairie, inaugurée le 25 août 1814 en l’honneur de Louis XVIII,ancien Comte de Provence et le jour de la saint Louis. Le tailleur de pierre utilisa le mauvais fil de la pierre (était-il républicain ?) et l’on dut dans les années 1960 refaire le fut. Ce fut le sculpteur André Bizet-Lindet, premier grand prix de Rome et saint-rémois d’adoption qui fut chargé de la restauration. Il omit de regraver l’hommage à Louis XVIII.
Cette même année ,à l’angle de la rue Carnot et de la rue du grand puits, on créa un belle fontaine dédié à Louis XVI puis, en 1856, on plaça au sommet un buste de Michel de Notre-Dame, dit Nostradamus, célèbre médecin périodeute ou gyrovague, enfant de Saint-Remy, universellement célèbre en raison de ses quatrains réunis en centuries dont les termes abscons exercent toujours, après trois siècles, la sagacité et la patience des interprétateurs.
La fontaine de la Trinité érigée en 1860 au milieu du carrefour de la route d’Orgon, de la rue Carnot, et du boulevard Mirabeau, fut retirée en 1938 en raison de l’augmentation de la circulation. La circulation étant moins importante de nos jours, certains verraient volontiers sa ré-édification à ce carrefour. La décision de création fut prise en conseil municipal le 14 Août 1847, on envisage de creuser un puits publique à l’ancienne église de la Trinité . Le premier projet envisageait d’utiliser la source de la Graille, puis du quartier du Vallat où la source était belle. Le maire Clavel fait désigner l’architecte Girard. Un devis de 5 400.francs est adopté le 7 02 59.
La place d’Armes était ornée depuis 1848 d’une vaste fontaine circulaire. Elle fut retirée en 1931.
La fontaine du Planet orne toujours cette jolie place ombragée du cœur de Saint-Remy. C’est la première fois que les symboles de la république sont utilisés pour décorer un fontaine.
En 1953 l’adduction d’eau alimentée par un forage dans les paluds modifiera l’usage des fontaines qui d’utilitaires deviendront décoratives. Les puits particuliers, nombreux au centre ville, n’auront plus, non plus, leur raison d’être.