Mémoires de l'Académie de Vaucluse, Tome IX, 1890, 4ème trimestre.
 
Glanum Saint-Remy de Provence, par Isidore Gilles
§ II. – Epoque romaine
 
 
 
 
 
p.272-273
M. le marquis de Lagoy avait cru voir un aqueduc destiné à amener les eaux du vallon de Gros à Glanum, dans un commencement d'entaille double faite de chaque côté du rocher, à l'entrée de la gorge des Chaudrons, pour recevoir un barrage en maçonnerie, destiné à emmagasiner et à surélever les eaux, et dans le tracé d'un canal aussi ébauché dans le roc sur toute la longueur de cette gorge.
M. de Gasparin, dans son Cours complet d'agriculture, parle de ce barrage et du canal comme ayant réellement existé, et d'autres écrivains, convaincus par l'autorité de ces grands noms, sont allés jusqu'à citer le barrage de St-Remy comme un type à imiter pour se procurer des eaux d'arrosage. Il en est même qui ont proposé sérieusement ce moyen pour fournir des eaux à la ville de Marseille. Nous avons prouvé, dans Marius et Jules César, que ce barrage, inférieur au niveau de la ville de Glanum, avait été fait pour alimenter la partie supérieure du camp de Marius, mais qu'étant à peine ébauché lorsque l'armée romaine quitta ce camp, il fut abandonné dans l'état où nous le voyons.
M. Nicolas, membre de l'Académie de Vaucluse, a récemment émis une opinion nouvelle sur le tracé de cet aqueduc, d'après laquelle le barrage aurait été fait en madriers et non en pierres d'appareil ; tandis que l'aqueduc, la tranchée dans le rocher d'environ 300 mètres de long, aurait été remplacés par un tuyautage en bois, pour conduire les eaux à Glanum, que l'auteur suppose avoir existé sur le plateau des antiquités. Ces hypothèses défient toute contradiction ; elles sont implicitement combattues dans nos précédentes publications.
Le niveau de Glanum est en effet supérieur à celui de l'aqueduc, et si celui-ci eût été fait pour la ville, on ne comprendrait pas qu'il fût resté inachevé, puisque la ville a existé jusque vers l'an 480.
 
 
Nota :
La même rédaction est conservée dans l'édition de Seguin, Avignon, 1891, p. 14-15