par Isidore Gilles
§ II. – Epoque romaine
p.272-273
M. le marquis de Lagoy avait cru voir un aqueduc destiné à amener les
eaux du vallon de Gros à Glanum, dans un commencement d'entaille double
faite de chaque côté du rocher, à l'entrée de la gorge des Chaudrons,
pour recevoir un barrage en maçonnerie, destiné à emmagasiner et à
surélever les eaux, et dans le tracé d'un canal aussi ébauché dans le
roc sur toute la longueur de cette gorge.
M. de Gasparin, dans son Cours complet d'agriculture, parle de ce
barrage et du canal comme ayant réellement existé, et d'autres
écrivains, convaincus par l'autorité de ces grands noms, sont allés
jusqu'à citer le barrage de St-Remy comme un type à imiter pour se
procurer des eaux d'arrosage. Il en est même qui ont proposé
sérieusement ce moyen pour fournir des eaux à la ville de Marseille.
Nous avons prouvé, dans Marius et Jules César, que ce
barrage, inférieur au niveau de la ville de Glanum, avait été fait pour
alimenter la partie supérieure du camp de Marius, mais qu'étant à peine
ébauché lorsque l'armée romaine quitta ce camp, il fut
abandonné dans l'état où nous le voyons.
M. Nicolas, membre de l'Académie de Vaucluse, a récemment émis une
opinion nouvelle sur le tracé de cet aqueduc, d'après laquelle le
barrage aurait été fait en madriers et non en pierres d'appareil ;
tandis que l'aqueduc, la tranchée dans le rocher d'environ 300 mètres de
long, aurait été remplacés par un tuyautage en bois, pour conduire les
eaux à Glanum, que l'auteur suppose avoir existé sur le plateau des
antiquités. Ces hypothèses défient toute contradiction ; elles sont
implicitement combattues dans nos précédentes publications.
Le niveau de Glanum est en effet supérieur à celui de l'aqueduc, et si
celui-ci eût été fait pour la ville, on ne comprendrait pas qu'il fût
resté inachevé, puisque la ville a existé jusque vers l'an 480.